Témoignages sur le parrainage d’un officier de l’École de guerre par Frères d’Armes

Témoignage du parrain, Olivier :

« Ayant eu à travailler avec l’Ukraine lorsque j’étais officier d’active, j’ai demandé à parrainer un officier issu de ce pays lors de sa scolarité à l’Ecole de guerre. J’ai émis ce choix en souriant intérieurement ; je me disais que si les affectations de filleuls étaient gérées comme les desiderata de garnison au cours de ma carrière, je n’avais aucune chance de parrainer un Ukrainien ! C’était mal connaitre l’association Frères d’armes, qui accorde beaucoup d’importance à ce binômage, sous la houlette du général Arbod : mon « premier choix » a bien été honoré. Ainsi, parrainer un officier ukrainien m’a permis de prolonger ma relation avec un pays dans lequel je n’avais plus aucune raison de me rendre en tant que civil, d’autant plus en temps de guerre.

Mon filleul était pour moi le représentant de toute l’Ukraine en France ! C’était une vision fausse, bien sûr, puisque l’Ukraine compte bien d’autres représentants, à commencer par un ambassadeur, un attaché de défense, et d’autres officiers en stage en France. Mais pour moi, il incarnait son pays à travers sa culture, sa vision du monde et aussi son effort de guerre.  Bien qu’il soit un des plus jeunes officiers de toute la promotion de l’Ecole de guerre, Anton avait vécu des expériences marquantes qui lui ont donné une grande maturité et beaucoup de sagesse. Il m’a impressionné par sa volonté de servir son pays dans la guerre, même en suivant un stage à Paris. J’ai été marqué par sa modestie et son humilité, lui qui aurait pu se vanter d’un passé sportif de haut niveau (il a été compétiteur international en gymnastique) ou de sa carrière prometteuse (à tout juste 30 ans, il était déjà officier supérieur). Je l’ai probablement importuné par toutes les questions que je lui ai posées, notamment sur la guerre contre la Russie ; mais il ne l’a jamais montré ; et a toujours pris soin d’y répondre avec beaucoup de patience, en évitant intelligemment les sujets ou les informations trop sensibles.

Parrainer Anton était aussi pour moi l’occasion de faire connaissance avec une famille ukrainienne : J’ai eu le plaisir de rencontrer son épouse, qui a réussi à continuer son activité professionnelle à distance ; et leur fils , capable de suivre simultanément une scolarité en français et une en ukrainien. J’ai eu le plaisir de faire découvrir à cette charmante famille ma belle ville de Lyon, au cours de l’été 2024.

Anton m’a invité à une présentation qu’il a faite de l’Ukraine, lors du stage préparatoire. Il ne m’a que très peu sollicité pour l’aider dans sa scolarité ; à l’exception de son mémoire, qu’il m’a demandé de relire. C’est ce que j’ai fait avec beaucoup d’intérêt et d’attention. Cette relecture m’a permis de bien comprendre la stratégie ukrainienne en Afrique. Mon aide a été très limitée, car mon filleul s’est avéré très autonome dans sa scolarité. En revanche, nous nous sommes rencontrés régulièrement au cours de l’année, pour échanger sur le cursus et en retour sur mes activités. Quel plaisir de le voir progresser régulièrement dans sa compréhension et sa connaissance de la langue et de la culture françaises !

Le parrainage est une expérience enrichissante et gratifiante. Au-delà de la relation privilégiée qu’il permet d’entretenir avec un officier en particulier, il propose une ouverture plus large à l’international. Ainsi, le parrain que je suis a eu l’occasion de rencontrer d’autres officiers internationaux lors des rencontres organisées par Frères d’armes. »

Témoignage du filleul, Anton :

« Je suis commandant de l’armée ukrainienne et j’ai commencé ma formation à l’Ecole de Guerre en janvier 2024. Tout d’abord, je me suis retrouvé avec de nombreux autres stagiaires venant de différents pays, dans un stage intensif de la langue française (SILF) qui a duré six mois. En repensant à mon premier mois à Paris, je me souviens combien c’était difficile. Non seulement en termes de langue étrangère, mais surtout en termes d’organisation et d’adaptation. Voyager en France comme touriste pour quelques jours et organiser la vie quotidienne de votre famille et vous-même sont des choses très différentes.

Au début du SILF, nous avons reçu une présentation de l’association Frère d’Armes et du système du parrainage. À l’époque, je ne savais pas ce que cela voulait dire, même mon traducteur ne m’a pas bien expliqué. Bref, pendant la réunion de Frère d’Armes, j’ai rencontré mon parrain, le général (2S) Olivier PASSOT. J’étais très surpris de savoir qu’il avait voyagé en Ukraine et qu’il était passionné par mon pays. Dès le premier jour de notre communication nous avons parlé comme de vieilles connaissances de nous, de nos pays respectifs, de nos familles, de nos sports préférés. C’était étrange mais agréable pour moi de communiquer sur un pied d’égalité et avec respect mutuel avec un général. Nous avons échangé des numéros de téléphone et continué notre communication.

Mon parrain a manifesté son intérêt régulier pour ma scolarité et pour ma famille. Nous nous sommes vus tantôt dans l’Ecole militaire, tantôt à l’extérieur. Nous avons visité le Musée des Invalides ensemble ou il m’a présenté au directeur du Musée. C’était très amusant d’avoir une visite personnelle.

Mon parrain était vraiment inquiet pour mon fils qui a été opéré à l’hôpital ici en France à cause d’un accident. Au milieu de SILF je l’ai invité à assister à ma présentation de mon pays dans un amphi de l’Ecole, car c’était un vrai honneur et un chalenge pour moi de faire un discours devant la promotion. A ce moment-là j’ai ressenti mon progrès en français, ce qu’a également souligné mon parrain.

A l’été 2024, à l’invitation d’Olivier Passot, ma famille et moi avons passé de merveilleux jours à Lyon (la ville de mon parrain). Il me semble que dans mes souvenirs de la France je me souviendrai des moments passés avec Olivier Passot sur les vélos à Lyon. Après le voyage mon fils se souvient souvent du général comme un grand-père. Il voudrait avoir un lit en mezzanine, comme celui dans lequel il a dormi chez son « grand-père »… Et c’est moi qui vais devoir le construire !

Pendant la scolarité, il m’est arrivé plusieurs fois de demander conseil à mon parrain sur mon mémoire. Le général a toujours pris le temps de me répondre, ce qui m’a été très utile notamment pour la rédaction de mon mémoire.

En somme j’ai vraiment compris ce que signifie « parrain » – c’est un mentor, un tuteur et un ami, ce qu’est devenu pour moi Olivier Passot. Donc grâce à l’association Frères d’Armes j’ai eu l’occasion de rencontrer l’homme avec lequel j’espère maintenir le contact même à une distance de milliers de kilomètres. »